Bine-bine et Bethio
Le Bethio
Au Sénégal, le bethio, dit "Petit Pagne" (Bekou-soukar, tame thiere, keyitoukeur gui en wolof) est un vêtement, parfois ajouré, très lié à la séduction et à l’érotisme.
Il peut être porté avec un ou plusieurs colliers de perles (le "dial-diali" est le collier porté par les femmes, le bine-bine étant celui porté par les jeunes filles, mot qui signifie aussi "doucement" en wolof) autour de la taille pour notamment mettre en valeur le corps dans certaines danses aux déhanchements évocateurs.
Le bethio a également été approprié par des artistes et créateurs, évoquant d’un certain point de vue le phénomène de la mini-jupe ou plutôt de la lingerie de séduction (charme ou sexy) en occident, car porté à l’intérieur et dans l’intimité.
Bine-bine, dial-diali, ferr...
Les perles revêtent une importance culturelle en Afrique. Qu’elles soient portées sur la tête, au cou, aux pieds ou encore autour de la taille, toutes ont la même fonction. C’est séduire. Pour la société sénégalaise, par exemple, parer ses hanches de perles, caractérise la sensibilité et la coquetterie de la femme. D’aucuns diront même que c’est l’un de ses premiers artifices de séduction.
Beaucoup ont cette image de la femme sénégalaise : être "diongué" (séductrice) jusqu’aux ongles. Certaines d’entre elles diront : "Il n’y a pas meilleur moyen d’envouter son homme qu'avec des bine-bine et dial-diali". Des perles de toutes les couleurs, de formes et de tailles diverses, le tout sur un petit pagne accroché autour des hanches et dont le cliquetis laissent peu d’homme de marbre. Ils ne sont pas insensibles à ces accessoires du jeu érotique. On dit même "qu’utiliser ces artifices jouent sur leur libido". Mais ceux-là qui adorent les bine-bine ou dial-diali, ignorent quasiment tout sur leurs origines.
Aujourd’hui, on ne met plus vraiment l’accent sur ces détails traditionnels féminins, mais cela ne signifie nullement que les femmes s’en démarquent complètement, ou que les hommes n’en veulent plus. Certes de moins en moins la nouvelle génération fait recours à ces "méthodes de grand-mère", mais le marché est encore florissant. La clientèle ? Les hommes eux-mêmes.
Pour les adultes, les dial-diali ne doivent jamais disparaitre à cause de leurs multiples fonctions. Non seulement les perles retracent les courbent de la femme et témoignent de sa capacité à retenir son mari, mais aussi elles ont des valeurs mystiques.
Il y a autant de modèles de bine-bine que de sénégalaises ! Ce bijou, au coeur d'une chanson de Coumba Gawlo (voir vidéo ci-dessous), se porte autour de la taille. Les perles enfilées sur un élastique font des bruits particuliers au moindre mouvement du bassin. Une femme peut porter plusieurs bine-bine. C'est un accessoire "sexy" très apprécié de la gent masculine.
Le bine-bine s'ennuie tout seul ! Voilà pourquoi ils restent toujours en groupe !!!...
Un peu d’histoire…
Le "moromoro" pour enivrer les hommes
Les jeunes filles dites modernes préfèrent allier cette modernité et la tradition. A en croire la vendeuse, elles ne viennent quasiment plus. "La plupart de celles qui achètent encore ces attirails ne sont pas de la génération actuelle". Mais le plus étonnant, c’est qu aujourd hui, la clientèle de mère Awa est essentiellement constituée d hommes envoyés par leurs épouses. "Beaucoup d’hommes viennent acheter mes perles pour leurs femmes. Ils sont gênés et ne veulent pas se faire remarquer, alors je leur vends dans la discrétion et je choisis pour eux", confie-t-elle. D’après notre interlocutrice, cette tendance peut s’expliquer par le fait que "les femmes se laissent trop aller dans la modernité, au point d’en oublier leurs traditions". "Les jeunes filles d aujourd hui, elles, n’ont même plus ce temps. Mais les hommes adorent les dial-diali, même s’ils ne le disent pas souvent", rajoute-t-elle.
Sur la table de mère Awa, on voit une variété de perles. De toutes les tailles et de toutes les couleurs. Une qui lui tient particulièrement à cœur c’est le "moromoro". Ce sont des perles de couleur marron, assemblées à d’autres catégories. Il faut le plonger dans du parfum pendant des jours avant de le porter. "C’est pour enivrer son homme".
Un rôle de protection

En Afrique de manière générale, on confère aux perles des pouvoirs mystiques. Ce n’est pas seulement pour séduire, mais elles ont aussi d autres "vertus" protectrices. Aux côtés de mère Awa Diop, une autre vendeuse de perles est assise. Fanta, on l’appelle. Mais elle, son domaine ce sont les perles "mystiques". Des colliers pour enfants, adultes, hommes et femmes. Elle relate que le "Pémé" a une vertu de protection contre les mauvaises langues et le mauvais œil. Les perles "isafaar" sont souvent assemblées avec des arêtes de poisson ou des cauris. Elles sont conseillées pour les enfants qui souffrent de maux de ventre fréquents, de dents qui poussent ou de fièvre constante. Selon Fanta, "les féticheurs en utilisent beaucoup. Et en porter peut protéger". "Quand nous étions jeunes filles, on nous disait que porter des perles sur la tête chassait les mauvais esprits. Surtout pour la femme qui regagnait son domicile conjugal", explique-t-elle.
Les perles sont ainsi pour les femmes un moyen de séduction, mais aussi de protection. La séduction est un art. C’est à la femme de savoir comment manager son jeu, en jouant sur les matériaux et effets pour retenir son homme, tout en demeurant toujours désirable.